Fils d'Antoine Corbin (1835-1901), fondateur des Magasins Réunis, Eugène Corbin partage la direction de l'entreprise avec son beau-frère Charles Masson (1858-1929).
Grand mécène des arts et des artistes, Corbin était passionné par l'art sous toutes ses formes : art ancien, art contemporain, art décoratif, peinture, sculpture... Il était aussi un grand commanditaire. Pour l'agrandissement des Magasins Réunis en 1906, Corbin fait appel à l'architecte Lucien Weissenburger - déjà sollicité de nombreuses fois par la famille Corbin - et y associe Louis Majorelle, Jacques Gruber, Victor Prouvé, Alfred Finot, Jules Cayette et Henri Suhner. Ce sont également ces artistes qu'il fait travailler, ainsi que plusieurs membres de sa famille, pour les aménagements de ses propriétés à Nancy et à Paris.
Il collectionne pour son propre plaisir de nombreuses œuvres des artistes de l'École de Nancy. Il lègue en 1935 une immense partie de sa collection (759 œuvres au total) qui est présentée dans une aile des galeries Poirel jusqu'en 1939 où elle est mise en caisse et envoyée dans le sud de la France. À leur retour en 1945, les œuvres sont stockées dans les anciens abattoirs de Nancy. Transportées sans ménagements, certaines œuvres subissent des dégâts aggravés par les inondations de décembre 1947. Dès le mois suivant, les œuvres réintègrent les galeries Poirel, mais ne sont plus présentées au public. La solution est trouvée par la municipalité qui achète l'ancienne propriété Corbin (une partie du jardin et la maison d'habitation rue Blandan), pour y installer une partie des collections en 1951-1952 avec une ouverture partielle au public en 1954. Une partie de la maison est encore occupée par Mme Eugène Corbin jusqu'à son décès en 1961. La plaque «Ville de Nancy - Musée de l'École de Nancy - Eugène Corbin» posée à l'entrée du musée, rappelle encore sur place la générosité du mécène.
Eugène Corbin décède en 1952 mais sa personnalité est toujours vivace dans la mémoire des Nancéiens de l'époque. Lors de l'ouverture du musée, la presse rappelle la personnalité profondément humaine de l'homme d'affaire ainsi que son généreux mécénat en faveur des artistes lorrains et de la Ville de Nancy : «Et c'est ainsi qu'aimant sa ville, et choisissant dans ses immenses collections, [...] il sélectionna les éléments constitutifs d'un musée de l’École de Nancy dont il fit don à la Ville de Nancy. Ce musée présentait ceci de propre qu'il comportait un échantillon de tous les moyens d'expression artistique [...] d'un mouvement dont la sève se traduisit en fécondité et en diversité.» (Gabriel Bichet, L'Est républicain, 11 octobre 1960).
Proche des préoccupations d'enseignement et de diffusion de l’École de Nancy, Eugène Corbin participe à la création de plusieurs concours organisés par l'École de Nancy et fonde en 1909 la revue Art et Industrie avec la collaboration d'Émile Goutière-Vernolle.