Les protagonistes de l'École de Nancy

Émile ANDRÉ

Nancy / 22 août 1871 – Nancy / 10 mars 1933 

Architecte

Issu d'une famille d'entrepreneurs et d'architectes, Émile André étudie l'architecture à l'École Nationale des Beaux-Arts de Paris. Il voyage entre 1894 et 1900 en Tunisie, Sicile, Ceylan, Inde et Perse et accompagne à deux reprises une mission archéologique en Égypte. Artiste curieux, il se passionne pour les civilisations du Maghreb et du Moyen-Orient, notamment pour l'architecture islamique. Avant de s'illustrer dans la création architecturale, Émile André se fait connaître à Paris et à Nancy par les travaux qu'il exécute lors de ses séjours à l'étranger. La reconstitution du temple de Kom Ombos en Égypte fut saluée par la critique lorsqu'il l'exposa au Salon du Champ de Mars à Paris en 1897.

Rappelé à Nancy en 1900 par son père Charles André, architecte départemental, il travaille à d'importants projets dont le premier est la transformation des magasins Vaxelaire rue Saint Jean en collaboration avec Eugène Vallin. L'année suivante, il est chargé avec l'architecte Henry Gutton d'établir le plan du lotissement du parc de Saurupt, seul exemple de lotissement privé à Nancy, où il réalise, en 1902, la loge du gardien, la villa les Glycines et la villa les Roches. Par la suite, André continue de construire des villas privées ainsi que des immeubles de rapport et des commerces. Il conçoit plusieurs pavillons dans le cadre de l'Exposition internationale de l'Est de la France en 1909. Ses productions, nombreuses et variées (maisons, villas, immeubles, commerces) sont marquées par l'étude plastique des volumes plus que par la décoration elle-même. La mise en œuvre très maîtrisée de nombreux matériaux, ajoutée à l'invention de formes décoratives nouvelles, inspirées surtout par le style gothique, donnent à ses édifices un caractère singulier et pittoresque. Les travaux qu'il réalise pour ses commanditaires privés font preuve du regard curieux qu'il portait sur les réalisations européennes les plus avant-gardistes.

À l'instar de nombreux architectes de l'Art nouveau européen, Émile André s'est également livré à la conception de pièces de mobilier. Certaines furent créées spécialement pour les magasins (Magasins Vaxelaire, pharmacie Roesfelder...) et les villas dont il avait assuré la conception architecturale, donnant ainsi naissance à des œuvres d'art total que venait encore parfaire son travail sur les balustrades et garde-corps en fer forgé. Sa production mobilière est pourtant de courte durée. Il expose l'intégralité de ses créations d'art décoratif à l'Exposition des arts décoratifs lorrains de 1901 puis à Paris en 1903. Comme ses œuvres architecturales, ses meubles sont le fruit de réflexions personnelles et témoignent de l'intérêt d'Émile André pour les créations de ses confrères européens.

Après la Première Guerre mondiale, il s'occupe de la reconstruction des villages lorrains détruits, Flirey et Limey. 

Parmi ses réalisations encore visibles à Nancy : maisons Huot, 92, 92 bis quai Claude Le Lorrain (1903), les immeubles Lombard et France-Lanord, 69 et 71 avenue Foch (1902-1904), la banque Renauld  rue Saint-Jean (1908). 

Dès 1901, il est membre du Comité directeur de l'École de Nancy.

Steiner, Émile André, 1909 (c) Région Grand Est - Inventaire général / Repr. D. Bastien

Steiner, Émile André, 1909 (c) Région Grand Est - Inventaire général / Repr. D. Bastien